Cette importante mise à jour aidera à guider les décisions en matière de plantation au pays
Juillet 2025
Un article de Jackson Lyons pour La Science simplifiée
Saviez-vous qu’il existe des cartes spécialement conçues pour vous aider à déterminer quelles plantes peuvent s’épanouir dans votre cour? Il s’agit des cartes des zones de rusticité des plantes et, pour la première fois en dix ans, la version canadienne a fait l’objet d’une mise à jour.
Grâce aux scientifiques de Ressources naturelles Canada (RNCan), les jardiniers, agriculteurs, cultivateurs et forestiers canadiens, d’un océan à l’autre, disposent maintenant d’une source d’information plus précise pour prendre leurs décisions en matière de plantation.
La carte canadienne existe depuis les années 1960, mais beaucoup de choses ont changé depuis, notamment les conditions climatiques ainsi que la quantité d’espèces végétales et d’informations, maintenant plus nombreuse. Il est donc essentiel de faire une telle actualisation – qui combine le meilleur de la climatologie et des connaissances spécialisées en modélisation des plantes – pour tenir la carte à jour et rendre compte des nouvelles conditions de croissance et des nouveaux défis à relever.

La carte des zones de rusticité des plantes du Canada a été mise à jour pour la première fois en dix ans.
Des zones de rusticité en mutation : qu’est-ce qui a changé?
Personne ne comprend mieux le détail et la complexité de ce projet que les chercheurs du Service canadien des forêts Dan McKenney et John Pedlar — les experts en rusticité végétale qui ont coordonné cette importante mise à jour au cours des quelque vingt dernières années.
« On dit qu’une image vaut mille mots; je pense que c’est vrai aussi pour les cartes », affirme Dan.
Comparativement aux versions antérieures, la nouvelle carte révèle une légère, mais réelle tendance au réchauffement dans de nombreuses régions du pays; en effet, on observe un écart d’une demi-zone ou plus dans de nombreuses régions et de deux zones complètes dans d’autres.
Par exemple, Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest), qui était auparavant dans la zone 0b se trouve maintenant dans la zone 1b – une augmentation d’une zone complète. Cela laisse entendre que de nouvelles espèces végétales pourraient potentiellement pousser à cet endroit, y compris des espèces arbustives comme le petit poirier (Amélanchier alnifolia) et le cornouiller stolonifère (Cornus sericea).
Ces changements peuvent avoir des retombées notables pour l’industrie et l’économie. C’est le cas pour la viticulture, c.-à-d. la culture et la récolte des raisins, qui est en pleine expansion en Ontario, s’étendant maintenant vers le nord, au-delà de la région viticole traditionnelle du sud de la province.
Ces changements peuvent toutefois représenter un risque pour les plantes qui se retrouvent dans de nouvelles zones de rusticité. Les phénomènes climatiques extrêmes, comme les gelées tardives, les inondations, les sécheresses et les variations brusques de températures demeurent possibles malgré le réchauffement climatique.

Le Canada compte de nombreuses zones de rusticité végétale, qui vont de 0 au Nunavut à 9 sur l’île de Vancouver.
Fonctionnement des zones de rusticité des plantes
Les zones sont classées de 0 à 9 en fonction de diverses conditions climatiques, comme la température, les précipitations et la durée de la période de gel dans les régions au Canada. Par exemple, la zone 0 couvre les régions les plus froides du nord du pays, où seules les plantes les plus rustiques peuvent pousser, tandis que la zone 9 couvre les parties les plus chaudes de l’île de Vancouver, où peut pousser un large éventail de plantes, y compris certains palmiers et certaines variétés de citrus.
Ces zones de rusticité, pensées pour nos paysages et notre climat, sont établies en fonction de plusieurs importantes variables climatiques, notamment :
- la température journalière moyenne la plus basse du mois le plus froid de la région;
- la durée des périodes sans gel (au-dessus de 0 °C);
- le total des précipitations de juin à novembre;
- la température journalière moyenne la plus élevée du mois le plus chaud de la zone;
- la rigueur de l’hiver;
- la moyenne maximale de l’épaisseur de neige et des rafales des 30 dernières années.
Un coup de main pour ceux et celles qui ont le pouce vert
Les zones sont simplement désignées par un chiffre, mais celui-ci repose sur une masse de données – et une bonne dose de sagesse populaire. « Ces cartes sont assurément très populaires, confirme Dan. Le jardinage est le passe-temps préféré de beaucoup de Canadiens. »
Preuve de l’immense popularité du jardinage au Canada, les secteurs des serres, des gazons et des pépinières ont généré des ventes de plus de 4 milliards de dollars en 2021, selon Statistique Canada, d’où l’importance de fonder les cartes des zones de rusticité sur des recherches et des informations solides fournies par des gens qui connaissent bien la flore de leur coin de pays. « C’est gratifiant de participer à un projet qui facilite tant d’activités pour tant de gens », souligne John.

Les chercheurs principaux John Pedlar (à g.) et Dan McKenney (à dr.) travaillent ensemble depuis des années à compiler cette mise à jour de la carte des zones de rusticité des plantes du Canada et du site Web connexe, la première depuis plus de dix ans.
Des cartes individuelles des espèces sur le site Web
La version Web des nouvelles zones contient aussi des cartes illustrant l’aire de répartition de milliers d’espèces. Ces cartes détaillées sont le fruit des toutes dernières avancées scientifiques en modélisation de la répartition des espèces (MRE). La MRE est utilisée, d’une part, pour établir la probabilité qu’une espèce puisse vivre à un endroit selon divers facteurs environnementaux et, d’autre part, pour aider les chercheurs à comprendre les habitats actuels et à prévoir les changements à venir. Pour déterminer les nouvelles limites des différentes zones climatiques, Dan et John se servent de données scientifiques professionnelles et citoyennes fournies par des écologistes et des experts en jardinage de toute l’Amérique du Nord.
À l’aide de cette méthode, on peut produire des cartes qui montrent à quels endroits sur le continent le climat convient à une espèce donnée et, en intégrant les derniers scénarios de changements climatiques, à quels endroits les conditions pourraient devenir propices à la croissance. Ces nombreuses utilisations pratiques rendent la révision de la carte aussi intéressante qu’importante.
Les saisons à venir
Que nous apporteront ces cartes dans l’avenir? Étant donné que les vagues de chaleur de plus en plus fréquentes influent sur les plantes, Dan et John cherchent maintenant à produire une carte des zones de chaleur pour délimiter les régions sujettes aux canicules. Ils pensent aussi qu’il y aurait moyen de produire des cartes encore plus personnalisées pour différentes espèces. Ils évaluent actuellement la possibilité de lancer un projet afin d’aider Agriculture et Agroalimentaire Canada à concevoir des modèles semblables pour les variétés de pommes.
« L’évolution du climat et ses implications pour les plantes, tant dans la nature que dans les jardins m’intéressent tout le temps », s’enthousiasme John.
Jardiniers amateurs, agriculteurs aguerris ou écologistes professionnels trouveront dans le site Web de la rusticité des plantes une mine d’informations utiles pour choisir des plantes bien adaptées à une zone donnée.
Vérifiez par vous-même : explorez les nouvelles cartes et voyez tout ce qui peut pousser dans votre région – vous découvrirez peut-être que vous pouvez cultiver une nouvelle espèce de plante!
Pour en savoir plus sur cette recherche, consultez la section Scientific Reports de la revue Nature en ligne.
Si vous enseignez ou êtes journaliste et souhaitez de plus amples renseignements sur cet intéressant projet, communiquez avec l’équipe des communications scientifiques :
Sciencecommunications-communicationsscientifiques@nrcan-rncan.gc.ca