La Science simplifiée en quelques secondes : Une solution gagnante tant pour la transition vers l’énergie propre que pour l’atténuation des feux de forêt

La récolte des débris forestiers pourrait alimenter en énergie les collectivités éloignées et aider celles-ci à se protéger contre les feux de forêt.

« C’est une solution avantageuse sur tous les plans. Les collectivités peuvent utiliser la biomasse locale comme matière première pour se constituer leur propre chaîne d’approvisionnement en énergie, pour abaisser les coûts et pour réduire les risques de feux de forêt. »

Nicolas Mansuy, Ph. D.
chercheur en restauration des paysages forestiers, Service canadien des forêts (SCF)
Des débris forestiers carbonisés par le feu. Des branches et de la biomasse forestière morte sont récoltées dans une forêt.

Il est possible d’utiliser les débris forestiers récoltés en remplacement du carburant diesel.

Au Canada, environ 276 collectivités nordiques et éloignées ne sont pas raccordées aux réseaux d’électricité ni aux systèmes de transport de gaz naturel par pipelines en service en Amérique du Nord. Ces collectivités – qui abritent environ 200 000 personnes, principalement autochtones – dépendent essentiellement de générateurs diesel hors réseau pour combler leurs besoins en électricité. Ces mêmes collectivités sont également touchées de façon disproportionnée par les feux de forêt.

Le résumé en sept secondes

Désireux de s’attaquer simultanément aux problèmes d’énergie et de feux de forêt, le chercheur Nicolas Mansuy et son équipe ont utilisé la télédétection et des données propres à chaque collectivité pour évaluer 33 collectivités considérées comme étant vulnérables aux feux de forêt. Cette évaluation a permis de conclure que 30 d’entre elles pourraient combler leurs besoins en énergie en transformant en bioénergie moins de 1 % de la biomasse environnante à haut risque d’inflammabilité – notamment les branches et les arbres tombés. Cette démarche non seulement contribuerait à protéger leurs populations contre la menace grandissante des feux de forêt, mais libérerait complètement ces collectivités de leur dépendance aux combustibles fossiles.

Cette étude propose une stratégie inspirante pour atténuer les risques de feux de forêt et pour promouvoir des solutions énergétiques durables dans certaines des collectivités les plus vulnérables du pays.

Photo d’un groupe de personnes qui portent des casques de protection et des vestes de sécurité et font cercle autour d’une pile de biomasse.

Nicolas Mansuy explique le rôle que pourrait jouer la bioénergie produite à partir de la biomasse forestière récoltée lors des opérations de réduction des risques d’incendie. (Source : Mustapha Onder Ersin, Université de la Colombie-Britannique)

Réduction des risques de feux de forêt

  • Les feux de forêt représentent une menace grandissante et un danger coûteux pour la population, les puits de carbone, les ressources naturelles et les infrastructures.
  • Bien que les Autochtones représentent seulement 5 % de la population canadienne, 42 % des évacuations provoquées par des feux de forêt pendant la saison des feux record de 2023 visaient leurs communautés. Il faut dire que 80 % des communautés autochtones sont situées dans des zones forestières sujettes aux incendies.
  • Il existe plusieurs solutions rentables pour atténuer les risques d’incendie – une gestion forestière renforcée, des pratiques de brûlage dirigé et l’application des lignes directrices d’Intelli-feu Canada à l’intention de la population, qui recommandent d’éclaircir et d’élaguer la végétation pour réduire au minimum le risque d’inflammabilité des arbres et arbustes –, mais on se contente généralement d’empiler la biomasse amassée, de la brûler sur place ou de l’acheminer vers un site d’élimination.

Amélioration de la sécurité énergétique

  • Aider les collectivités nordiques et éloignées du pays à délaisser le diesel pour se tourner vers des solutions énergétiques propres fait partie intégrante de la lutte contre les changements climatiques.
  • Dans ces collectivités, les systèmes alimentés au diesel génèrent chaque année jusqu’à 10 tonnes d’équivalent CO₂ par personne, soit deux fois plus que la moyenne annuelle canadienne établie pour la production d’électricité et le chauffage résidentiel, qui se chiffre à 4,1 tonnes par personne.
  • De plus, le diesel s’accompagne de coûts d’utilisation élevés et est cher à l’achat, particulièrement pour les résidents du Nunavut, qui doivent composer avec des coûts d’énergie qui sont parmi les plus élevés au Canada.
  • La bioénergie est une énergie renouvelable générée par la combustion de biomasse organique et forestière, principalement constituée de copeaux et de granules de bois.

En conclusion

« Nous avons découvert qu’en récoltant moins de 1 % de la biomasse forestière environnante, la plupart de ces collectivités pourraient combler leurs besoins en énergie sans avoir recours aux combustibles fossiles, rappelle Nicolas. Voilà peut-être une excellente façon de concrétiser les avantages que procure l’énergie propre. »

Les journalistes ou enseignants qui désirent en savoir plus au sujet de cette étude peuvent communiquer avec nous à l’adresse suivante : sciencecommunications-communicationsscientifiques@nrcan-rncan.gc.ca.

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